Escapade lunaire

La nuit était glaciale et la lune projetait des ombres inquiétantes sur les arbres et les rochers. Un vent frais indiquait que l'automne était déjà bien avancé et que l'hiver gagnerait bientôt du terrain. Les étoiles étaient nombreuses et ressemblaient à des gouttes de lait étincelantes. Quelques nuages les cachaient et les rayons de l'astre lunaire traversait les petites nappes grises.

Un coup de vent fit onduler les poils soyeux d'un loup qui courait dans les bois. Il aurait pu paraître normal s'il n'y avait eu un anneau en argent accroché à son oreille gauche. Il avançait vite, porté par ses pattes puissantes, évitant les branches basses et sautants par-dessus les troncs qui étaient à terre. Ses yeux de fauves jaunes brillants lui conférait un air de sauvagerie extrême. De temps à autre il s'arrêtait, humait l'air écoutait attentivement puis reprenait sa course. Ses cousinets moelleux étouffaient le bruit que faisaient ses pattes sur la terre.

Il avança donc ainsi jusqu'au sommet d'une haute colline puis s'arrêta sur l'arrête. Il poussa un petit jappement de surprise quand une chouette s'envola en hululant dans la nuit. Il regarda autour de lui et tourna à gauche.

Arrivé au bout de l'arrête, il avança sur une falaise qui surplombait la vallée. Le vide ne semblait pas lui faire peur et il marcha jusqu'à l'extrême bord. Se pencha au-dessus du vide, releva la tête pour observer la lune quelque instant puis poussa un long hurlement qui résonna dans la nuit, dans la vallée jusqu'à la cité de Citrazelle. Il continua ainsi a "pleurer la lune" pendant un quart d'heure puis s'allongea. Et observa longuement l'astre d'argent, rêvant de grandes cavalcades et d'étendues lunaires.

Rien ne l'aurait empêché de rester ici toute la nuit sauf un craquement qui provenait des bois derrière le loup. Celui-ci se retourna brusquement, d'un bond fut sur ses pattes, grogna sourdement attendant que l'auteur du bruit se montre.

Minilya n'avait pas réfléchit alors qu'elle était partie en courant, elle était sortie de la cité sans réfléchir et ne s'arrêta que lorsqu'elle vit un loup... les loups ne portaient pas d'anneau.

Elle hésita, prit un pas en avant, puis en arrière, le drôle de loup grognait.

**Loup, je ne te veux aucun mal, je ne suis que de passage.**

Elle ne savait pas si elle pouvait communiquer avec la bête, elle avait bien trop peur, ses sens étaient bouleversé.

Elle se rappela des cris qu'elle avait entendu dans la distance, pourquoi n'y avait-elle pas fait plus attention? Elle avança la main tendue devant elle, paume ouverte, elle n'avait rien à offrir, mais elle lui montrait qu'elle voulait établir un contact.

**Les loups ne sont pas humains, ils ne comprennent pas ce genre de signe... Mais les loups ne s'attaquent jamais auc humains non plus...**

C'est alors que la jeune fille réalisa qu'il s'agissait peut être plus que d'un simple loup égaré... pleurer ainsi à la lune, ce n'était qu'une légende, mais l'anneau..?

Seliena fut très surprise de voire une jeune fille sortir du buisson mais elle continua à grogner. Cette jeune femme, qui qu'elle soit, l'avait dérangée pendant qu'elle rêvait et ça, Seliena ne l'appréciait que très moyennement. Néanmoins quand elle entendit la fille lui parler elle s'arrêta de grogner, se posa sur son arrière train et se lécha les babines. La jeune fille tendait maintenant la main et Seliena sentie qu'elle n'avait absoument rien à craindre d'elle.

Elle se leva et s'approcha de la fille. La flaireuse la sentit se raidire mais continua à avancer. Elle tourna autour de la fille puis se s'assit face à elle, lécha consciencieusement sa main puis la regarda dans les yeux.

Elle ouvrit la gueule dévoilant des crocs de taille impressionnante, en réalité Seliena ne faisait que bailler. Elle se décida enfin à parler:

"Bonjour jeune humaine. Que fais-tu donc ici, seule dans les bois et qui plus est au beau milieu de la nuit ?"

Minilya essaya de ne pas sursauter trop violemment lorsqu'elle vit la gueule pleine de dents si grandes et si blanches, mais surtout lorsqu'elle entendit la réponse à laquelle elle ne s'attendait pas vraiment. Mais elle ne put s'empêcher de sourire légèrement.

Je me suis enfuie... Enfin, non, je ...

Elle était toujours furieuse contre Trael, qui venait de faire effrondrer son monde en l'espace d'un quart d'heure... Et elle ne voulait pas en parler. Elle se mit à genoux devant ce loup étrange... la légende des loups-garoux étaient-elle donc vraie...?

Je ne t'ennuierais pas avec mes histoires, je voulais juste pouvoir m'éloigner pour réfléchir un peu, mais j'avais besoin d'aller très loin, très vite.

Elle commença à caresser le bel animal, loup garou ou pas et se décida de faire preuve d'un peu d'audace.

Et toi? Tu sembles bien seule ici, n'y a-t-il que la lune qui partage ainsi cette peine que tu sembles porter?

Se faire caresser le pelage... C'était la dernière chose à laquelle Seliena s'était préparée... Elle trouvait ça drôlement agréable et ne souhaitait pas que cette caresse inattendue s'arrête. Elle observa longuement la jeune femme pensant qu'elle avait dû souffrir depuis peu comme le laissait présumer les yeux rougis par des pleurs. Elle avait aussi l'air particulièrement mécontente. Seliena arrêta de la dévisager et répondit à sa question.

"J'aime la lune comme tous les loups, sa présence est très rassurante je ne sais pour quelle raison... Mais comme tous les loups-garous, pouvoir se transformer en loup n'est pas un pouvoir particulièrement agréable, c'est avant tout une malédiction. Tous les humains étant dotés de ce pouvoir éprouve constamment un sentiment de tristesse qui ne peu s'effacer. Certain le supporte moins bien que d'autre et sombre dans une folie frénétique; ils veulent à tous prix mordre les humains..."

La flaireuse se demandait pourquoi elle racontait tout ça à une fille qu'elle ne connaissait pas mais sentant que celà lui faisait du bien, elle continua:

"D'autre encore s'en accomode très bien et vive normalement -ce sont les plus rares...- et enfin les derniers, comme moi, se soulage en tuant des êtres peu fréquentables se donnant alors l'impression de servir une juste cause. Et puis nous nous soulageons en pleurant la Lune."

Elle leva les yeux vers la sphère argentée poussa un soupir qui ressemblait à un grognement puis reprit:

"Je me suis jurée que je trouverais la raison de cette tristesse chez les loups-garous et que j'y remédierais."

Seliena replongea ses yeux dans ceux de la fille et lui demanda de sa voix profonde:

"Comment t'appelles-tu ? Je sens que je peux avoir confiance en toi, tu ne me sembles pas avoir un esprit malsain et je t'apprécie." (en fait la caresse du pelage a bien endormi ses neuronnes, et influence un peu le jugement ^^)

Minilya...

Minilya gardait le contact, aimant se perdre dans ce regard si triste mais pourtant si fort et déterminé.

Juste Minilya, je ne sais rien de plus. Je suis partie à la découverte de mon passé il y a bientôt trois ans, mais ce soir, j'ai compris que je ne faisais que perdre mon temps peut être... on me l'a fait comprendre...

La seule chose intéressante chez moi, c'est un don que j'ai avec la nature, je communique avec tous les êtres vivants et j'aime cela parce que cela prouve qu'au fond, tous sont bien. Il est parfois plus dur de trouver du bon dans certaines personnes... ou de comprendre leurs actions ...son coeur se serra en pensant que Trael en fait ne lui voulait quedu bien, mais il l'avait tout de même blessée et elle ne voulait pas lui pardonner,il était bien trop fier et elle ne lui pardonnerait que lorsqu'il s'excuserait.

Quel est ton nom?

Le coeur de Minilya battait un peu moins vite, maintenant qu'elle avait entendu l'histoire de la belle louve... garoup... Elle n'arrivait pas à croire la chance qu'elle avait, une louve si douce, si elle avait vraiment été féroce, soit elle serait morte, soit, à son tour, elle serait devenue loup garou.

Minilya ne voulait pas faire preuve de trop de compassion, ne voulant laisser croire la louve qu'elle avait pitié, donc elle continua à lui caresser ses longs poils au reflet un peu argenté à cette lumière. Mais surtout, elle la traitait en égale et gardait le contact des yeux, car elle lui avait montré du repsect en partageant son histoire.

"Minilya.... C'est un nom magnifique et je le pense sincèrement..."

Seliena avait apprécié que Minilya écoute son histoire qui ne l'interessait pas forcément, et maintenant elle epprouvait une confiance totale envers la jeune fille depuis qu'elle lui avait dit qu'elle avait un don avec les êtres vivants. Mais la jeune fille avait elle aussi l'air de souffrir et Seliena ne pu s'empêcher de lui poser des questions:

"Je ne pense pas me tromper quand je dis que toi aussi tu es triste... Tu veux me raconter ? Peut-être que cela te soulagera et je dois avouer que j'apprécie les histoires. Je pourrais aussi t'aider si c'est en mon pouvoir."

Seliena attendit la réponse de Minilya patiemment, tout en continuant de savourer la douce main de la jeune fille sur sa fourrure. La flaireuse était hypnotisée par le regard de Minilya et étrangement, ses yeux rassurait Seliena qui "se reposait" dans ce regard calme."

Minilya prit une longue ispiration, c'était dur de conter ainsi son histoire, mais elle venait d'entendre celle de la louve

D'accord, mais tu me diras ton après!...
Sérieusement, tout commence avant ma naissance, je ne sais pas qui son mes parents bilogiques, tout ce que je sais c'est qu'il y a près de vingt ans, une femme à qui je ressemble presque trait pour trait était allée chez de pauvres paysans. Ces paysans acceuillirent la jeune femme car elle était enceinte, prête à donner naissance et elle semblait aussi de bonne famille, alors cela n'aurait pu être un piège tendu par des brigands... Il y a toujours eu beaucoup de brigands d'où je viens, mais je pense qu'il y en a partout, on ne leur échappe pas!

Elle prononça cette dernière phrase d'une manière sèche et amère. Puis elle sourit

Enfin, la femme donna naissance et vécut un très court temps avec ces paysans âgés car elle devait reprendre des forces avant de repartir chez elle. Ou c'est ce qu'elle leur dit, car un matin, elle n'était plus là, mais son bébé était demeuré là. Les paysans avaient déjà eu des enfants et n'avaient pas le coeur à m'abandonner, donc ils m'élevèrent dans leur ferme, où j'ai vécu presque toute ma vie.
Seul la nature semblait m'appaiser un très jeune enfants, mes parents adoptifs l'avaient remarqués, mais ils ne se doutaient pas de mon don, pouvoir, appelles-le comme tu voudras.
Moi, pendant ce temps, je pensais que c'était tout aussi normal pour tous d'avoir une telle affinité avec la nature car à la campagne, tout le monde est assez simple et en sait beaucoup sur la faune et la flore.
Vint le jour ou j'ai réalisé que j'étais différente. En parlant aux paysans... mes parents... Et ce jour là, ils me révèlèrent l'existence de ma mère et je compris toutes les insinuations dont j'avais fais preuve toute ma vie durant quand j'allais au village.

Minilya s'arrêta un peu, son regard s'était tourné vers les arbres, mais elle retourna son regard sur la louve. Elle ne se rendait plus compte, mais elle continuait à caresser le poil soyeux de ce qui semblait être une nouvelle amie. Minilya fronça légèrement les sourcils, une de ses habitudes. Lorsqu'elle réfléchissait, tous pouvaient le voir sur son visage ou sa manière de bouger.

A dix-sept ans, je ne pouvais plus le supporter. Je suis allée au temple près de la cité, la prêtresse a voulu me recueillir, pour avoir un atout à son temple, et j'ai compris alors une chose. J'ai beau apprécier la nature profonde des êtres, les hommes auront toujours une part d'ombre. Et si j'avais été abandonnée, c'était peut être pour que l'on ne m'utilise pas ainsi. Je voulais comprendre qui j'étais... ce que j'étais...

Alors je suis partie en voyage.

Une fois de plus Minilya inspira profondément.

Voila l'introduction de mon histoire. C'est la raison profonde de ma tristesse. Mais disons que quelque chose vient de subvenir il n'y a pas plus d'une heure... Si tu veux je peux te raconter cette histoire aussi.

Seliena était absorbée par l'histoire de la jeune fille, elle la comprenait, et compatissait devant une naissance si triste. Son enfance avait l'air d'avoir été assez heureuse mais dès qu'elle avait appris que les paysans n'étaient pas ses vrais parents... Elle avait dû être complètement perdue et seule. Seliena ne souhaitait aps que cela se reproduise et elle voulait à tout pris devenir l'amie de Minilya et tout partagé avec elle.

La flaireuse n'avait jamais eu de véritable amie. Certaine s'enfuyait devant son apparence ou Seliena devait les quitter pour trouver un lieu qui lui plairait suffisament... Corail Naëlian était la personne qui, jusqu'à présent, restait celle qui se rapprochait le plus d'une amie.

Quand Minilya eu fini son histoire, Seliena resta quelque seconde silencieuse avant de répondre à Minilya:

"Ton histoire est passionnante et j'aimerais que tu me contes la fin. Cela me ferait grandement plaisir... Asseyons-nous, tu dois être fatiguée si tu as courru pour venir ici."

Seliena tourna le dos à Minilya, s'avança un peu plus près du bord, fit un tour autour du lieu qu'elle avait choisi et se posa, les pattes repliées sous elle-même. Elle attendit que Minilya fasse de même et tendit l'oreille pour ne pas perdre un mots de l'histoire de sa nouvelle amie.

Lorsque Minilya se levva, la circulation dans ses jambes piquota, elle était, en effet resté agenouillée un peu trop longtemps. Elle alla jusqu'au bord, au début, elle se sentait légèrement prise de vertiges, mais une fois assise, la beauté du spectacle lui fit oublier la hauteur. Elle admira le paysage puis se retourna vers Seliena.

Bien, au cours de mes voyages, j'ai rencontré bien des gens. Personne n'a jamais si comment me guider. Mais toujours, juste au moment où je me sentais prête à abandonner, quelque chose surgissait, un infime indice, me menant plus loin et ravivant mon espoir.

Après deux années, je me sentais complètement à l'aise dans certains endroits. La forêt notamment, et c'est là que j'y ai rencontré ce qui m'a attristé plus récemment. Un brigand était là, blessé, pas trop gravement, mais assez pour ne pouvoir se débattre de ses ennemis une fois qu'ils l'auraient retrouvé. Je l'ai soigné et suis restée avec lui quelques jours. Bien entendu, je n'allais pas passer l'intégrité de mes journées avec cet homme, alors j'en profitais pour me réapprovisioner d'herbes médicinales, nourriture et autre. Je me fais suis un curieux petit ami. Un rongeur, un bel écureuil roux. Mon petit compagnon me joignait dans ma recherche de nourriture et me suivait ici et là, curieux, face à une humaine sachant communiquer avec lui.

Minilya s'arrêta brièvement. Plus elle y pensait, plus cela lui semblait évident, et moins elle comprenait d'où toute l'émotion ressentie était venue. Logiquement du moins, mais dans son coeur, les émotions demeuraient les mêmes.
Elle recommença à caresser le doux poil de la louve qui écoutait patiemment et en silence.

Je me liais avec le brigand, pas trop intimement, mais assez pour qu'il m'enseigne certaines choses. J'ai été un apprenti en quelque sorte, et le plus drôle, c'est que nos philosophies n'avaient ... n'ont... rien de similaires. Il ne comprenait pas ma quête concernant mon passé, lui voulait fuir le sien. Mais peu importe, nos routes se séparèrent. Je demeurais encore un peu dans la forêt et mon nouveau compagnon à quatre pattes me rejoignit pour de bon.

Elle se rendit compte qu'il était plus facile de se libérer de ses émotions si on pouvait les partager avec quelqu'un digne de confiance, une oreille amicale...

Eventuellement, je continuais mon parcours et expérimentais beaucoup, je rencontrais bien des personnes, mais c'était toujours pareil, au moment le moins attendu, une révélation semblait se produire.

Jusqu'au jour où l'on me guida à cette cité. Une nouvelle cité? Non, on me répondit qu'elle était ancienne, mais juste méconnue et par choix. La paix était avec les habitants, même s'ils avaient tous des drôles d'histoire, un passé sombre, ou un avenir incertain. Alors, je décidais, contre l'avis de l'écureuil, qui depuis le temps était devenu un compagnon de voyage et parfois un confident, de venir à Citrazelle.

Plus tôt dans la soirée, j'étais dans la Taverne. Je n'ai aucune expérience des tavernes, mais j'étais déterminée à trouver un emploi où je pourrais être aisément informée de choses. Alors que je travaillais, quelqu'un entra dans la taverne. Une personne que je n'avais revi depuis presque un an, Trael... c'est son nom, celui du brigand. J'étais contente. Mais vite, la conversation a dégénéré, il veut que je m'en aille, que je le suive. Mais je ne dépends pas de lui! Il me prend pour quelqu'un de naïve...

Minilya ferma les yeux, préférant garder pour elle son venin, et continua avec son histoire.

Je lui ai fait confiance, mais j'ai réalisé, que je m'étais trompée. Il avait dit qu'il voulait me protéger... et enfin... je me sens trahie, voilà qui explique mon sentiment de tristesse.
L'écureuil c'était lui. A bien y réfléchir, ça parraît stupide, mais je me sens trompée, il a vécu proche de moi, sans que je ne le sache, je me suis confiée en quelqu'un... qui n'était pas qui je pensais... et même connaissant mes sentiments intimes, il a continué à me prouver que mes trois dernière années étaient une perte de temps.
Tu vois, je suis perdue. Et le pire, c'est lorsque je me sentais perdue, j'avais toujours mon petit ami roux là pour m'écouter, me consoler, me guider.
Peut-être qu'il est l'heure que j'apprenne à ne dépendre que de moi-même. En tout cas, c'était une chance de pouvoir te rencontrer.

Minilya qui en général ne parlait pas d'elle, voulait terminer avec une note gaie et non pas sur un sujet qui la concernait.

Corail étouffait dans le confinement de sa chambre close. N'y tenant plus, elle se leva et ouvrit ses volets en grand. Une brise délicate vint lui lécher les joues et jouer avec les longues mèches de ses cheveux. Sa robe légère flottait autour de ses chevilles. Ravie par le doux vent qui séchait les quelques larmes qui perlaient au creux de ses yeux, elle ferma les paupières et prit une profonde inspiration.
Elle entendit alors, au loin, le hurlement d'un loup. La douce plainte qui perçait la nuit alla se ficher dans son coeur. Elle sanglota à la triste mélopée qui emplissait la lune d'un reflet mélancolique.

Elle s'avança de quelques pas sur le balcon surplombant l'orée du bois, et alla s'accouder sur le rebord de pierre. Des racines serpentaient autour de ses pieds, et des fleurs s'ouvraient doucement au parfum de la nuit. Des feuilles de toutes les nuances de vert ornaient la balustrade et s'enroulaient autour des colonnes comme pour les posséder toutes entières.

Le regard perdu dans l'obscurité, Corail écouta le chant des bêtes nocturnes et put presque sentir l'amitié naissante éclater non loin, aux amères effluves canines et doux parfum d'innocence...

Le vent apporta aux naseaux de Seliena une odeur capiteuse de fleurs qui provenait de la forêt. La flaireuse posa sa tête sur ses pattes, se laissant caresser le dos toujours avec autant de plaisir. Au bout d'un long moment elle se décida enfin à répondre au long monologue de Minilya.

"C'est une histoire triste que tu me contes là jeune amie... A vrai dire je comprends maintenant tous les sentiments qui s'entemêlent en toi et que tu ne peux dénouer. C'est une situation très complexe que celle de découvrir que le compagnon avec qui tu as tout partagé n'est pas réellement un écureuil ; mais que tu découvres en plus que tu le connaissais déjà..."

Puis après un moment de réflexion
"Cet... Trael... Il ne t'a pas brutalisé au moins ? Il ne t'a rien fait de mal ? Si jamais il te fait souffrir, dis-le moi et je vais planter mes crocs dans son petit coup !" grogna-t'elle férocement.

Puis se radoucissant elle continua d'une voix joyeuse:

"Minilya, as-tu un endroit où dormir ? Si tu veux tu peux venir chez moi, il y a de la place pour deux. Et sinon demain, cela te dirais que je te fasse visiter Citrazelle ? Je suis là depuis tellement longtemps que je connais tous les passages secrets. Enfin presque tous, il y en a tellement qu'il est impossible de tous les connaître ! Je doute même que Corail les ai tous découverts, bien qu'à mon avis elle en connaisse plus que moi..."

Seliena demanda alors dans un souffle:

"Je te raconterais comme prommis mon histoire dès que tu auras répondu à mes questions."

Minilya enfouit son visage dans la fourure de Seliena, plus par instinct, ne réalisant pas qu'une telle intimité ne pouvait peut être déjà être abordée. Elle ne réalisa qu'elle pleurait que lorsqu'elle sentit le poil mouillé. Elle ne comprenait pas pourquoi tant d'émotions semblaient la prendre au dépourvu, elle devait être bien anïve après tout... il avait bien raison.

Après quelques instants, elle répondit aux questions, toujours à moitié enfouie dans la fourure de sa nouvelle amie.

Il ne m'a jamais fait de mal physiquement. Il voulait m'aider, mais j'ai peur que cela ne m'a pas fait tant de bien que cela... Et je ne veux pas tellement retourner là bas pour le moment. Merci de te proposer pour m'emmener au travers la cité, ce serait avec plaisir.

**C'est vrai que je ne suis arrivée que récemment, pensa-t-elle.**

Elle serra la louve dans ses bras, c'était son seul moyen pour la remercier.

Oui, ce serait vraiment avec plaisir. répéta-t-elle une dernière fois après un long moment de silence.

Seliena ne s'offusqua pas qand Minilya enfouit son visage dans son pelage et qu'elle commença à pleurer doucement. Au contraire, elle était heureuse que sa jeune amie soit aussi intime avec elle et elle fut heureuse que la jeune fille lui dévoile ainsi son coeur. Cela signifiait qu'elle avait confiance en la flaireuse et cela gonflait la louve de joie, se sentant enfin utile autrement qu'en tuant des gens...

"Je vais donc te raconter mon histoire qui risque d'être un peu longue... Ma mère était une paysanne et elle s'appelait Miel Ys, enfin c'est ce qu'on m'a dit car je ne l'ai jamais vu, je n'ai aucun souvenir d'elle. Je sais seulement qu'elle est tombée enceinte par magie, sans avoir eu aucune relation. Pour cette raison elle fut bannie du village car ses habitants n'aimaient pas tout ce qui se rapportait à la sorcèlerie. Elle s'enfuit donc très loin et s'installa dans une cabane abandonnée en bordure de la forêt d'Eglangys. A 8 mois, un loup la mordue au ventre, et je pense que c'est pour ça que maintenant, je suis ce que je suis... Bref elle me porta quand même à terme mais quand elle vit mon apparence -avec mes oreilles de louve, ma longue crinière de cheveux noirs et ma queue touffue.- elle pris peur et décida de m'abandonner dans la forêt, après je ne sais ce qu'elle est devenue, et contrairement à toi, je m'en fiche..."

Seliena s'érrêta un moment, jetta un coup d'oeil sur Minilya qui avait toujours la tête posée sur son dos, et repris son histoire.

"Maintenant je vais te conter le passage le plus douloureux... Quand je fut lachement abandonnée dans la forêt, j'eus la chance inouïe d'être posée sur le futur chemin d'un Ermite. Celui-ci me trouva donc et m'emmena avec lui ne faisant fit de mon apparence. Le temps passa et il m'èleva dans l'amour, la sagesse et le combat loyal. Ce fut les année les plus heureuses de mon existence et j'acquis beaucoup de qualitées grâce à son savoir... Il ne me révéla jamais on nom jusqu'au jour qui a tout boulversé..."

La flaireuse avait maintenant les yeux qui brillaient. De larmes ou de rage ? Personne n'aurait pu le dire dans la pénombre de la nuit... Elle pris une profonde inspiration et continua:

"Un jour, mon père adoptif fut tué par des cavaliers. Il se sacrifia pour me sauver, m'ordonnant de rester caché pendant qu'il se battrait avec les soldats. Je ne pu rien faire, il m'avait donné un ordre et il m'avait raconté pendant mon éducation, qu'un ordre était un ordre et que l'enfreindre était très mal pour pleins de raisons. Il se fir tuer sous mes yeus impuissants... J'avais alors 12 ans..."

Cette fois-ci, Seliena sanglotait réellement et n'essayait aps de se retenir, elle continua cependant son histoire en sanglotant:

"Il m'expliqua avant de mourir qu'il était recherché depuis très longtemps par tous les gardes du pays car il avait tué le gouverneur de sa cité. Les hommes qui l'ont tué étaient très bien entrainés et s'il ne s'était sacrifié je ne serais pas à tes côtés en ce moment... Bref avant d'expirer dans mes bras de gamine, il me murmura que je devais trouver un endroit où tout le monde m'accepterait telle que je suis... J'eu la chance de trouver Citrazelle et depuis je suis heureuse, et je pleur la mort de mon père les nuits de pleine lune... Seulement, comme je l'ai dit avant, même si l'être que j'aimais le plus au monde ets mort, me transperçant le coeur d'une flêche de douleurs et de larmes, il reste en moi une partie de tristesse qui ne s'explique pas... Voilà mon amie, maintenant tu connais mon histoire..."

Seliena se retourna vers Minilya et attendit sa réaction.

Les yeux de Minilya brillaient, les larmes qu'elle avait versées pour elle même oubliées, elle était touchée par l'histoire de sa nouvelle amie. Elle sentit son coeur se serrer à la vue de la lune.

Lors de mon voyage, les personnes qui ont été le plus gentil avec moi ont toujours été celles qui avaient le plus souffert. Je ne te compare pas à toutes ces autres personnes, tu as souffert bien plus. Je t'admire, tu tiens bon par amour.

Une légère brise souffla, jouant avec la robe de soie que portait Minilya. Elle était heureuse d'avoir patagé sa vie avec Seliena et était complimentée qu'elle lui ait retourné cette faveur. Mais il n'y avait rien à dire.

Elle contempla la lune quelques instants. Elle, qui avait toujours aimé se tourner vers la voute céleste dans ses moments de colère ou de tristesse, trouvant la vue des étoiles réconfortante.

Forte, mystérieuse et belle.

Elle prononça ces trois mots en fixant la lune, mais reporta son regard sur son amie. Puis elle sourit.

Je suis sûre que tu as beaucoup accompli et que tu en feras beaucoup plus. Si je peux t'aider d'une quelconque manière, même si ce n'est qu'être à tes côtés, je t'en serai reconnaissante.

Elle déposa un léger baiser sur la nuque de la louve alors qu'elle la serrait dans ses bras.

Seliena était épuisée. Elle se sentait vide de toute énergie mais cela ne la génait pas car elle se sentait maintenant libre, libre comme l'astre lunaire si bien décrit pas Minilya...Elle frémit sous le baiser de la jeune fille et pour lui rendre sa marque d'affection, lui lécha la main de sa grande langue rose te rugueuse. Remarquant soudain que Minilya n'était vétue que d'une robe de soie, elle se leva brusquement -en prenant garde de ne pas renverser Minilya- et lui demanda:

"Tu n'as pas froid ? Souhaites-tu que nous rentrions pour que tu dormes dans un lit chaud ? Ca serait mieux que de rester ici dans le vent frais de la nuit..."

Elle regarda un instant Minilya se disant en son fort interieure que la jeune fille était forte mais si pure et innocente. Elle aussi avait vécue des moments terribles et c'était peut-être ça qui les unissait si étroitement bien qu'elles ne connaissaient rien de l'autre mis à part leur passé avant l'arrivée à Citrazelle. Seliena était perdue dans ses pensées mais se réveilla soudain et demanda àMinilya:

"Où peut-être que tu préfères rester ici, on dormirais là cette nuit et je me roulerait en boule autour de toi pour te tenir chaud. Demain matin nous pourrions retourner dans la cité et trouver de quoi manger. C'est toi qui décide: on reste ici ou on redescend ?"

Minilya n'avais pas pensé qu'en effet la nuit était plutôt fraîche.

Ca me tenterait bien de rester une nuit ici, près de la terre, cela fait si longtemps, j'ai l'impression, de ne pas m'être arrêtée pour souffler, et profiter de labeauté n'entourant.

En son fort intérieur, Minilya se dit qu'elle ne voulait peut être pas retourner de suite dans la cité. Trael était sûrement déjà parti, mais tout de même, elle voulait profiter de ce nouveau départ qui s'offrait à elle.

Seliena approuva du chef et en étouffant un baîllement elle demanda à Minilya:

"Et bien comment veux-tu qu'on dorme ? Je te propose de t'allonger et de poser ta tête sur mon dos, moi je ne crains pas le froid, je me roulerais autour de toi pour te tenir chaud... Essaie et on verra si c'est confortable..."

Seliena attendit donc que Minilya s'allonge sur la pierre, à la place de l'endroit où se trouvait la louve. Le corps chaud de la bête avait réchauffé la pierre et c'était sûrement plus agréable pour Minilya de se mettre ici...

Minilya se sentit d'abord très stupide, mais la fatigue l'emporta et elle s'allongea, contente d'avoir un petit voin chaud où se placer, avec sa robe, ce n'était pas vraiment pratique de dormir sur la pierre. Mais elle avait déjà fait ça des centaines de fois et elle une amie au lieu d'une cape, c'était touours mieux.

Merci Seliena.

Minilya était vraiment touchée, son amie n'avait sûrement pas eu une vie facile, mais elle pensait tout de même aux autres avant.

De sa position, Minilya avait une bien meilleure vue du ciel, elle ne pouvait s'empêcher de l'admirer et de se sentir petite en regardant les étoiles. Elle avait toujours été attirée par celles-ci, elles imposaient l'humilité et le respect à Minilya.

En regardant Minilya s'allonger sur la pierre légèrement réchauffée par le corps de la bête, Seliena s'entit des larmes de bonheur humidifier ses yeux. Elle avait enfin une véritable amie, une amie qui, quel que soit les choses qui vous attendent le lendemain, resterais avec elle.

Elle laissa donc Minilya s'allonger puis se colla à elle et reposa sa queue touffue sur le ventre de son amie qui se blottie contre elle. Après un coup de langue sur la joue de Minilya, la flaireuse posa sa tête sur ses pattes et ferma les yeux, attendant que le sommeil l'emporte dans des tourbillons de couleurs chatoyantes aux odeur d'amitié et de bonheur....

Seliena ne tarda pas à sombrer dans les voluptes des rêves...

Si la nuit fut longue, Minilya ne le sut jamais car elle se réveilla aux couleurs douces de l'aurore et au chant plutôt gai d'un petit oiseau qui s'était niché dans une des branches.

Minilya se leva, quittant la position chaude et rassurante dans laquelle elle s'était endormie.

Une nouvelle journée qui commence. De nouvelles choses à faire, aller de l'avant et mettre derrière soi le passé!

La jeune fille essayait d'optimiser dès le début de la journée. Elle caressa doucement Seliena, n'osant la réveiller, mais se doutant bien que cela serait l'effet de cette caresse, aussi douce soit elle.

Une main douce effleura doucement le dos de Seliena et la tira doucement du demi-sommeil dans lequel elle était plongée. Elle entrouvrit l'oeil droit, le referma et réouvrit ses deux yeux jaunes dont les pupilles se retrécissèrent à la lumière vive du soleil. La louve poussa un baillement sonore et se leva vivement, s'étirant les pattes avant et arrières. Elle donna un petit coup de langue sur la main de Minilya pour lui dire bonjour et fit un petit tour au trot autour de son amie pour se dégourdir les pattes.

Quand elle eu fini ses tours de manège, elle s'assit et demanda à Minilya:

"Si nous retournions à Citrazelle, j'ai le ventre qui crie famine et je meurs de soif... Tu viens ou pas ? De toute façon, si tu ne viens pas, je pars quand même sinon je risque de faire une crise d'hypoglycémie. Allez, HOP !"

Seliena jetta un coup d'oeil vers Minilya puis parti, trotinant gaiment vers la cité de Citrazelle qui brillait de mille feux sous les doux rayons du soleil de la matinée.

Minilya fut sur ses pieds en quelques instants et courur pour se mettre à niveau avec Seliena.

Alors tu vas me montrer tout ce qui est à voir ou on va faire le tour des petits endroits méconnus dont seuls les habitants connaissent les secrets?

La jeune femme était vraiment excitée de passer une journée en compagnie de sa nouvelle amie. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas laissée aller. Visiter la cité, et n'avoir pour seul souci sa fatigue qu'elle éprouverait en fin de journée.

Mais cela n'empêchait pas un sentiment qu'elle s'efforçait de repousser au fond de son coeur de le lui serrer de temps en temps. Minilya ignora ses sentiments et regarda droit devant elle. Une nouvelle étape de sa vie commençait et elle ne pouvait que se réjouir à cette perspective.

"Eh bien eh bien... Ma foi... Je vais te faire une visite guidée superbe de Citrazelle, avec en prime les secrets les mieux gardés et tous les passages secrets que je connais..."

Seliena jetta un petit clin d'oeil à Minilya en entendant son ventre gargouiller et dit en rigolant:

"Mais avant tout, on mange !"

(Je te laisse poster le message dans les ruelles oki ? ^^

Ruelles)

Minilya hocha la tête... les ruelles... elle suivit son amie et quitta le décor naturel, frais pour s'engouffrer dans un monde tout à fait différent, mais pas moins beau.

Le soleil était maintenant un peu plus haut dans le ciel, sa tenue était plus adaptée à une journée de visite qu'une nuit dans la forêt, mais elle n'échangerait pour rien au monde les précieux instants qu'elle avait passée auprès de sa nouvelle amie.

ruelles

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